Charles Monsch fut incorporé de force dans la Kriegsmarine, puis devint Assomptionniste, rédacteur journaliste et enfin archiviste au Vatican.
Il est né le 26 octobre 1921, à Urmatt, fils de Joseph Monsch et de Joséphine Himber, aîné de deux frères , Paul et Jean.
Après avoir fréquenté l’école primaire d’Urmatt, il suit les cours des séminaires de Scherwiller puis de Méribel-les Echelles. En 1938 ce sera le Grand Séminaire de Strasbourg. Après le bac, il fait des études en philosophie à l’Université de Strasbourg et en 1939 rejoint l’université repliée à Clermont Ferrand. En 1940, retour en Alsace et inscription à l’université de Fribourg en Brisgau où il suit les cours de philosophie et de théologie jusqu ‘en 1943.
C’est la guerre, et il doit travailler en été comme Werksstudent en pays de Bade, et comme tourneur dans une usine de Düsseldorf, ainsi que dans l’usine de brosses BUTZ de Niederhaslach. En 1944, c’est l’incorporation de force dans la Kiegsmarine, avec une formation de base de marin à Deutschkrone sur la Baltique. A la suite de quoi il est affecté comme canonnier sur un escorteur, sillonnant les eaux de la Baltique.
Le 8 mai 1945, il est fait prisonnier par les russes qui l’incorporent à un groupe de français avec lesquels il fera le long périple à pied jusqu’à Odessa, en Crimée, avant d’être rapatrié et démobilisé à Paris. En septembre, on le voit à Urmatt encore vêtu de l’uniforme de l’armée rouge, la « roubatchka ».
Après avoir reprit ses études au Grand Séminaire de Strasbourg, il décide de devenir religieux et entre au noviciat des Pères Assomptionnistes à Pont l’Abbé d’Arnoult. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1949 à Lyon.
La même année Charles Monsch devient rédacteur au journal La Croix, puis journaliste pendant 35 ans. Enfin, en 1984 il est nommé archiviste au Vatican, fonction qu’il exerce pendant 13 ans. L’heure de la retraite sonnera en 2006, à Albertville.
Charles Monsch a bien remplit sa vie, qui l’a menée de par le monde pendant 35 ans : Syrie, Liban, Lybie, Russie, Bulgarie, Israël, Japon, Etats-Unis, Canada, tous les pays d’Europe … Il a côtoyé des ministres, des grands sportifs, des responsables militaires, le monde du cinéma, avec la faculté rare d’être polyglote, pratiquant outre le français, l’allemend, l’italien, le russe, le yiddisch, l’anglais, le latin, le grec et l’hébreu, sans oublier son cher « Elsasserditsch » !
Il s’est éteint à Albertville le 29 août 2019 à 98 ans.
Ce destin exceptionnel nous est obligeamment rapporté par son petit-cousin Pierre Jaeger.
Article du journal La Croix
Par Yves Pitette, le 09.09.2019
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Plusieurs générations de journalistes de Bayard, et en particulier de La Croix, ont bénéficié de son érudition peu commune, de sa mémoire de l’histoire du journal et de l’entreprise, ainsi que de ses qualités de documentaliste qu’il démontra tout au long des trente années où il dirigea le service de documentation de La Bonne Presse, puis de Bayard, de 1954 à 1984.
Décédé à 97 ans, le 29 août, le père Charles Monsch, a.a., était un Alsacien qui avait partagé le sort difficile des « malgré-nous ». Enrôlé de force dans la Kriegsmarine en 1944, il connut en effet la fin de la guerre sur le front de l’Est avant de se retrouver prisonnier de l’Armée rouge à Odessa.
Entré à la congrégation des Augustins de l’Assomption (propriétaire de La Croix) à son retour de captivité, le père Charles, comme on l’appelait, avait d’abord été journaliste d’information religieuse à La Croix en 1950 avant de prendre en charge le service de documentation de la Maison de La Bonne Presse en 1954 où il allait se rendre indispensable aux journalistes pendant trente ans, mais aussi à de nombreux chercheurs, historiens pour l’essentiel. Charles Monsch a ainsi contribué à bien des livres et bien des thèses, à commencer par ceux concernant notamment La Croix et les débuts de La Bonne Presse.
L’énorme travail qu’il a ainsi accompli sur les années d’origine du journal, mais aussi plus généralement de La Bonne Presse, a permis, à travers de nombreux articles et publications, mais aussi par le soin apporté à la conservation des archives d’une entreprise qui a aujourd’hui plus de 145 ans, d’en préserver la mémoire vivante.
Cet homme d’archives, qui travailla uniquement à Paris puis à Rome où il fut ensuite archiviste de la congrégation de l’Assomption de 1984 à 1987, avait en réalité une ouverture d’esprit universelle que facilitait sa pratique de six langues, dont le yiddish, langue dans laquelle il lut un quotidien jusqu’à sa mort, et le russe, appris en captivité.
Sans cesse obligé d’être à la fois dans l’ordre de la mémoire et dans une actualité parfois brûlante exigeant de trouver sans délai les détails qu’on lui demandait pour un article en cours d’écriture, il fut, le plus souvent anonymement, un artisan important de la qualité de l’information de La Croix.
Mais le père Charles Monsch, prêtre assomptionniste, joua aussi un rôle important dans l’entreprise, en particulier à l’époque où celle-ci était encore la Maison de La Bonne Presse. Bien des retraités d’aujourd’hui qui l’ont connu lorsqu’ils étaient apprentis imprimeurs, typographes ou photograveurs dans les ateliers de la rue Bayard, se souviennent par exemple des cours de morale qu’il leur dispensait. « Il était d’une telle gentillesse, se souvient l’un d’eux, que très rapidement les leçons devenaient débat sur tous les sujets sans restriction. Une manière de nous permettre de devenir des adultes réfléchis et responsables. »
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