Message de Geneviève Darrieussecq, ministre déléguée auprès de la ministre des Armées, chargée de la Mémoire et des Anciens combattants.

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Le 19 juillet 2013, l’Assemblée nationale a adopté, à l’unanimité, une proposition de loi émanant du Sénat instaurant le 27 mai comme Journée nationale de la Résistance. Cette journée, dont la date a été choisie en référence à la première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) le 27 mai 1943, fournit l’occasion d’une réflexion sur les valeurs de la Résistance et celles portées par le programme du CNR.

Les mouvements de résistance à l’occupation nazie en France firent leur apparition de manière progressive et dispersée dès l’été 1940. A la suite de l’appel lancé, le 18 juin, par le Général de Gaulle sur les ondes de la BBC, des civils et militaires ont rejoint l’Angleterre, formant, autour de ce dernier, la “France libre“. Plusieurs territoires coloniaux d’Afrique, d’Asie et d’Océanie se rallièrent à leur tour dans les mois qui suivirent.

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Sur le territoire français métropolitain, partiellement puis entièrement occupé par l’armée allemande (octobre 1942), les mouvements de résistance, qui voyaient leurs effectifs croitre avec le temps (dureté de l’occupation allemande, rejet de la politique de Vichy, rupture du pacte germano-soviétique, refus du Service du travail obligatoire…), demeuraient très isolés et leur action souffrait cruellement d’un manque de coordination.

De son coté, la France libre avait besoin d’une reconnaissance officielle des mouvements de résistance afin d’asseoir sa légitimité vis à vis des Alliés.

Dans ce contexte, Jean Moulin, préfet de la IIIe République révoqué par le Régime de Vichy, reçut du Général de Gaulle, au début de l’année 1942, la mission de rallier et d’unir les principaux mouvements de résistance afin de créer une véritable armée secrète œuvrant sur le territoire occupé par l’ennemi, sous une même autorité.

La création du Conseil national de la Résistance (CNR)

La première réunion du Conseil national de la Résistance (CNR) s’est déroulée le 27 mai 1943 dans l’appartement mis à disposition par René Corbin, un proche de Jean Moulin, au premier étage du n°48 de la rue du Four, au cœur de Paris occupé.

A cette occasion, furent réunis, pour la première fois dans un même lieu, autour de Jean Moulin, représentant le général de Gaulle, les représentants des huit principaux mouvements de résistance français (“Ceux de la Libération”, “Ceux de la Résistance”, “Combat”, “Libération-Nord”, “Libération-Sud”, “l’Organisation civile et militaire”, “Franc-Tireur” et “le Front national de la Résistance”) ainsi que des principaux partis politiques (“l’Alliance démocratique”, “la Fédération républicaine”, “le Parti communiste”, “le Parti radical”, “le Parti démocrate populaire”, et “la Section française de l’internationale ouvrière”) et syndicats (“la Confédération française des travailleurs chrétiens”, “la Confédération générale du travail”) existant avant la guerre.

Ensemble, ils allaient œuvrer à coordonner l’action de la Résistance et même, dans la perspective de la libération du territoire national, à préparer la refondation de la République.

Moins d’un mois plus tard, Jean Moulin fut arrêté par la Gestapo à Caluire-et-Cuire, près de Lyon. Torturé, il mourut de ses blessures, quelques jours après, sur le chemin de l’Allemagne, sans avoir parlé (voir l’hommage solennel rendu à Jean Moulin, par André Malraux, lors de la cérémonie du transfert de ses cendres au Panthéon sur le site de l’INA).

Jean Moulin fut remplacé, en tant que président du CNR, par Georges Bidault (auquel succéda Louis Saillant en septembre 1944), Émile Bollaert (puis, après son arrestation par les Allemands en février 1944, Alexandre Parodi) assurant de son coté les fonctions de représentant du général de Gaulle au sein de ce conseil.

Le 15 mars 1944, après plusieurs mois de négociations, a été adopté, à l’unanimité, le programme du CNR. Il appelle à l’intensification de la lutte contre l’occupant et ses collaborateurs français, organisant l’insurrection armée, mais il jette également les bases d’une République nouvelle, profondément démocratisée, s’appuyant sur “un ordre social plus juste”.

À la Libération, le programme visionnaire élaboré par le CNR conduisit à la mise en œuvre de réformes économiques, sociales et politiques donnant la priorité à l’accès à l’éducation pour tous et posant les bases d’un modèle social qui est aujourd’hui le nôtre (ex : création de la Sécurité sociale par l’ordonnance du 4 octobre 1945).

Il inspira également la rédaction du préambule de la Constitution de la IVe République, qui fait partie des textes fondamentaux de notre droit actuel (“bloc de constitutionnalité”).

La Journée nationale de la Résistance, à laquelle les collèges et les lycées sont invités à s’associer, fournit l’occasion d’une réflexion sur les valeurs de la Résistance et celles portées par le programme du CNR, telles le courage, la défense de la République, le souci constant de la justice, de la solidarité, de la tolérance et du respect d’autrui.

 

Catégories : Cérémonies

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